Qu’est ce que le damas ?
« C’est un assemblage soudé au feu, de deux ou plusieurs métaux différents, essentiellement ferreux avec un cas exceptionnel, le nickel. »
Telle en est la définition donnée par Jean-Luc Soubeyras dans l’introduction de son Manuel de fabrication du damas (1).
Cet assemblage modifie les propriétés des métaux utilisés, ainsi le damas-en fonction de la technique utilisée- peut améliorer la qualité d’une lame.
Toutefois, si aujourd’hui les couteliers ont recours au damas, c’est que le montage des différents métaux permet de faire apparaître des dessins sur la lame. La fabrication de lame damassée s’inscrit donc également dans une recherche esthétique.
Étapes de fabrication
Voici quelques étapes de fabrication d’une lame damassée
1. La trousse
Différentes plaquettes de métaux sont soudées ensemble au bout d’un traînard (ici un fer à béton). Ici, une trousse de 7 couches : 3 de XC75, 2 de xc38 et 2 de nickel pur.
2. Borax
La trousse est chauffée au rouge cerise, puis enduite de borate de soude communément appelé borax. C’est un sel qui protège de l’oxydation de la chauffe et permet d’expulser la calamine entre les couches lors de la soudure.
3. Première soudure
La trousse est de nouveau mise au feu puis soudée au marteau.
4.Repliage
Le bloc ainsi formé, est tranché avec un burin puis replié sur lui même, cela permet d’augmenter le nombre de couches de la lames (ici 7 couches repliées en 2 en donnent 14, après les repliages suivant il y aura 28 couches, puis 56 etc.).
5. Seconde soudure
Le bloc est alors de nouveau enduit de borax et soudé à chaud au marteau. Enfin, le bloc est étiré en vue d’un autre repliage ou du forgeage de la lame.
Il est possible de réitérer les étapes de repliage et de soudure jusqu’à obtention du nombre de couches souhaité. Ici le bloc tranché et replié une seconde fois.
6.Forgeage et trempe
Une fois le nombre de couches souhaité obtenu, la lame est forgée, usinée, trempée et enfin mise au revenu dans un four.
7. Révélation
Les dessins sur la lame varient en fonction du nombre de repliages, du sens de ceux-ci, mais également d’autres actions que l’on fait subir au bloc (torsades, abrasion, fraisage…) et de la révélation.
Pour que les dessins soient visibles, il est nécessaire de révéler la lame. C’est à dire la tremper dans un acide, par exemple du perchlorure de fer, puis de polir la lame. Le temps de révélation (durée d’immersion de la lame dans l’acide) permet d’obtenir des dessins différents. En effet, en laissant la lame plus longtemps dans l’acide il est possible de faire ressortir les dessins plus en profondeur. Il est donc souvent nécessaire de révéler la lame plusieurs fois (immersion puis polissage) avant d’obtenir un dessin satisfaisant.
(1) Soubeyras, Jean-Luc. Manuel de fabrication du damas. Émotion primitive, 2008. ISBN 978-2354221256